Aussi à New York, les chefs des Confessions Religieuses ont rencontré le staff dirigeant du General Board of Ministries de l'Eglise Méthodiste Unie, dirigé par le Révérend Randolph Nugent, Secrétaire Général, ainsi que le Secrétaire pour l'Afrique du Conseil National des Eglises des Etats Unis, Mr. Willis Logan. Nous vous informons aussi que nous avons rencontré l'une des branches armée de l'opposition conduite par M. Emile ILUNGA et son staff, le Facilitateur MASIRE et le groupe de l'opposition pacifique conduit par Dr. KALALA. Nous avons enfin rencontré Maître KAMANDA wa Kamanda.

A Washington D.C., les Chefs des Confessions Religieuses ont également rencontré à la fois les staffs du Sénat et de la Chambre des Représentants, les autorités de l'Ecole Internationale des Services de l'Université Américaine et du lobby de l'Eglise Méthodiste Unie. Les Chefs des Confessions Religieuses ont assisté au culte à la chapelle Foundry de l'Eglise Méthodiste Unie où le couple Président Clinton prie régulièrement. Les Chefs des Confessions Religieuses ont été honorablement présentés aux fidèles par le Pasteur titulaire, le Professeur Philip Wogaman invitant non seulement les fidèles présents au culte mais à travers eux tout le peuple américain de soutenir les Chefs des Confessions Religieuses de la RDC dans leur mission de recherche de la paix.

En Europe :

Les Chefs des Confessions Religieuses ont rencontré tour à tour : Monsieur AJELO, envoyé spécial de l'Union Européenne auprès des pays des Grands Lacs ; le Cabinet du Ministre des Affaires Etrangères, le Ministre de la Coopération et du Développement, le groupe des parlementaires Belges, le groupe des ONG (Flamandes et Wallonnes) et des ONG Européennes. Les différents groupes de l'opposition pacifique, quelques anciens dignitaires de la deuxième République ainsi que l'opposition armée notamment le Secrétaire Général du MLC en la personne de Olivier KAMITATU et le Conseiller de Monsieur ONDEKANE Jean-Pierre du RCD Goma.

De retour au pays, et à l'issue de ces différents contacts les Chefs des Confessions Religieuses ont rapidement convoqué et ouvert le 24 Février 2000 les présentes assises de la Consultation Nationale. Pendant 17 jours, les participants à la Consultation Nationale ont cerné les causes de la guerre, identifié les obstacles au retour de la paix au Congo et proposé des pistes des solutions concrètes et susceptibles d'amener la cohésion nationale et un changement rapide et définitif de la situation de notre pays.

Au terme des travaux, la Consultation Nationale a recommandé :

A.      Au Gouvernement de la RDC :

1.      Que soit amendé le Décret-Loi n° 194 portant organisation des activités politiques pour permettre aux partis politiques de fonctionner normalement.

2.      Que les CPP, REFECO, BNPS préoccupés par des projets de société cessent, après libéralisation des activités politiques, de relever du budget de l'Etat à moins que tous les Partis régulièrement constitués ne soient subventionnés par l'Etat congolais.

3.      Mettre en place un Parlement de transition pour contrôler l'action gouvernementale. Celui-ci sera composé des membres élus là où cela est possible et des membres cooptés à la base là où les conditions d'élection ne le permettent pas.

4.      En vue de mettre fin à la marginalisation des autres composantes de la Société Congolaise, demandons au Chef de l'Etat de former un Gouvernement ouvert à d'autres tendances politiques, dirigé par un Premier Ministre conciliateur, compétent, expérimenté, intègre et patriote. Nommer aux postes publics de l'Etat des Congolais authentiques, patriotes, compétents et dévoués.

5.      Garantir les libertés fondamentales et les droits humains en mettant fin aux arrestations arbitraires des activistes des Droits Humains, des journalistes et des leaders politiques ainsi qu'aux tracasseries policières aux postes de contrôle, sur les routes et les voies fluviales.

6.      Restituer les biens honnêtement acquis des anciens dignitaires pour restaurer la confiance et créer une commission de restitution des biens en lieu et place de l'OBMA.

7.      Supprimer immédiatement les juridictions d'exception comme la Cour de Sûreté de l'Etat et la Cour d'Ordre Militaire et réhabiliter les juridictions militaires ordinaires conformément au code de justice militaire.

8.      Former une armée forte, républicaine dans laquelle tous les Congolais s'y retrouvent y compris les éléments dignes et crédibles des ex-Forces Armées.

9.      Demander la révision de l'Accord de Lusaka et ce conformément à l'article III point 26 dudit Accord compte tenu des lacunes qu'il renferme, notamment :

-          le fait que cet Accord ne dissocie pas les problèmes inter-congolais des problèmes inter-Etats ;

-          la mission confiée aux belligérants de procéder au désarmement des milices armées et des Forces génocidaires est de nature à perpétuer les affrontements en RDC ;

-          le fait que cet Accord demande aux belligérants de garder leurs positions aux fronts les jours de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu consacre d'office la partition du territoire congolais ;

-          la méconnaissance lors de la négociation de l'Accord des autres Forces vives de la RDC impliquées dans la guerre comme l'opposition non armée, la Société Civile et les Forces d'auto-défense Populaire ;

-          la non identification du Burundi comme partie au conflit et son manque d'implication dans l'Accord de Lusaka ;

-          le manque de sanction en cas de non- respect des dispositions de l'Accord ;

-          la prise en compte de la présence des troupes étrangères d'agression sur le territoire congolais comme un obstacle au dialogue inter-congolais.

B.     A l'opposition armée de :

1.      S'imprégner du sentiment patriotique pour sortir de l'emprise des agresseurs et de leurs commanditaires.

2.      Cultiver l'esprit de tolérance et de confiance.

3.      Déposer immédiatement les armes par respect à la volonté du Peuple Congolais et se désolidariser de leurs alliés.

C.     A l'opposition pacifique de :

1.      Cultiver le sens du patriotisme.

 2.      Passer de l'opposition d'obstruction à celle de construction.

 .      Renoncer à la personnalisation du débat politique et privilégier la confrontation des idées sur base des projets de Société réalistes.

 4.      Renoncer à recourir à l'étranger pour se faire accréditer au pouvoir et pour résoudre des problèmes nationaux.

  D.     Au Peuple Congolais de :

 1.      Cultiver le sens du patriotisme, de l'abnégation ainsi que celui de l'intérêt général.

 2.      Cultiver les vertus du dialogue et du pardon à tout moment.

 3.      Promouvoir une culture de concertation, de dialogue, d'écoute et d'acceptation mutuelle de nos différences entre Congolais pour sauvegarder l'unité dans la diversité, et entre notre Pays et les Pays étrangers ensuite.

4.      L'interdiction de poser des actes qui aliènent les intérêts nationaux au profit des puissances étrangères.

5.      Le refus de recourir désormais aux armes pour soutenir des revendications de n'importe quel ordre.

E.     A la Communauté Internationale :

1.      La condamnation sans atermoiement de l'agression dont le Peuple Congolais est victime de la part du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda.

2.      Le déploiement immédiat de la Force d'interposition et de maintien de la Paix des Nations Unies aux frontières de la RDC conformément à la résolution 1234 du Conseil de Sécurité aux fins de veiller au retrait de toutes les troupes étrangères en commençant par celles d'agression.

3.      Le respect strict et sans condition de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC conformément aux instruments juridiques internationaux notamment les Chartes de l'ONU et de l'OUA.

4.      L'implication immédiate et dynamique de l'ONU et de l'OUA dans l'application des résolutions 1234 et 1291 du Conseil de Sécurité de l'ONU.

 5.      La facilitation de la procédure d'amendement de l'Accord de Lusaka et ce conformément à l'article III point 26 dudit Accord compte tenu des lacunes qu'il renferme.

6.      La promotion d'un dialogue sincère entre les parties en conflit.

7.      L'acceptation du principe d'adjoindre au Facilitateur accepté par les parties les Chefs des Confessions Religieuses, organisateurs des présentes assises.

8.      La création d'une commission internationale d'enquête sur les massacres perpétrés en RDC pendant la guerre d'agression et la réparation des préjudices subis par celle-ci.

9.      L'exigence aux Pays agresseurs de libérer les prisonniers et détenus congolais.

10.  L'organisation d'une Conférence Internationale sur la paix et la sécurité dans la Région des Grands Lacs.

11.  La mise en place d'un plan de développement et de démocratisation de la Région des Grands Lacs et plus spécialement au Rwanda, Burundi et en Ouganda pour y mettre un terme à l'instabilité due essentiellement à la pauvreté et à la confiscation de tous les pouvoirs par une minorité ethnique Tutsi.

F.      Aux Chefs des Confessions Religieuses

1.      L'Eglise doit rester au milieu du village.

2.      Les Chefs des Confessions Religieuses, dans leur mission pastorale doivent faire le suivi de cette consultation auprès des opérateurs politiques, économiques, sociaux et culturels.

3.      La création d'un Conseil Permanent inter-religieux pour la Justice, la Paix et la Réconciliation Nationale.

PRECEDENT         ACCUEIL