Mme BOO : C’est assez d’être pauvre dans un pays riche !

« Je voudrais remercier les organisateurs de cette journée. A partir d’aujourd’hui nous nous connaissons un peu mieux. Il est important de connaître les autres, d’avoir la même vision, les mêmes  objectifs et les mêmes idéaux. On m’a demandé : Comment acceptes-tu un poste dans ce gouvernement avec tant de risques ? et alors que tu ne fais partie d’aucun parti politique ? C’est vrai. Il y a un risque, que je prends avec l’aide de Dieu mais pour moi le plus grand parti politique, c’est l’Eglise.

Au Congo,  il n’y a pas de village sans chrétiens. Il faut les mobiliser. Nous avons échoué en ne sachant pas les mobiliser et nous sommes co-responsables  de la faillite du pays. Il y a des  mamans qui acceptent  que leurs enfants deviennent des soldats. Il y a des chrétiens qui  ont vendu ce pays. Si l’Eglise mobilisait tous ses chrétiens, nous serions une très grande force.

Il y a des pays où les églises ont des partis politiques - pourquoi pas l’ECC ?   Nous voulons nous battre pour avoir un pays où il y aura  des écoles, des  médicaments,  des hôpitaux pour tous. Nous sommes un des pays les plus riches, avec une des populations les plus pauvres. C’est assez - assez - assez.

J’ai honte d’avoir refusé le Congo, d’être allée ailleurs - honte d’avoir cherché ailleurs. Maintenant je suis rentrée et je suis prête à lutter. Je sais que nous vaincrons avec l’aide du Seigneur. »

Salomon BANAMUHERE : Nous devons rester fidèles et obéissants !

« Ce que nous sommes, nous le sommes par la grâce de Dieu. Nous sommes des  enfants de pasteurs. Nous rendrons compte devant Dieu. Je suis heureux de découvrir aujourd’hui d’autres protestants membres du gouvernement et même de savoir qu’il y a d’autres enfants des pasteurs au gouvernement.

Moi je suis originaire de l’ECC-CECA/20, fils d’un évangéliste qui a travaillé parmi les pygmées. Rentré chez moi à la maison, Dieu m’a appelé à son service. J’aime méditer sur quelques personnages bibliques tels que Josué, David...

J’ai compris qu’en tant que chrétien, je pouvais prendre les armes pour défendre mon pays. J’ai suivi Laurent-Désiré Kabila, tout en prêchant en même temps. - Que le zèle de la maison de l’Eternel puisse nous dévorer.

Nous avons le soutien de Dieu et voulons suivre le chemin de Jésus. Nous devons aussi savoir perdre un poste pour Dieu. Les Congolais ont besoin de modèles, de voir la lumière de Dieu en nous.

Joseph, Daniel et les autres ont été préparés par l’Eternel. Ce que nous demandons à Dieu c’est de travailler dans sa crainte malgré les difficultés et les responsabilités. Nous devons rester fidèles et obéissants. Que le Seigneur nous donne l’équilibre nécessaire.

Je suis ancien dans la paroisse de la  Parole du Salut. J’ai aussi une  famille. Il faut trouver l’équilibre entre l’église,  la famille et le travail. Nous devons bannir l’orgueil dans notre vie. On ne peut guérir une bête que si on la soigne  bien et que le sang coule.

Nous essayerons d’être disponibles à chaque moment ; même si nous ne sommes pas accessibles, donnez-nous  des conseils, même des conseils  durs pour que le nom de Jésus ne soit pas déshonoré. »

Prof Masiala : Soyons visibles  par ce que nous sommes et  non pas par nos paroles!

« Il m’est difficile d’exprimer l’émotion que je ressens en ce moment où nous  sommes là pour encaisser la dette, l’évaluer, l’apprécier et la liquider. Depuis toujours nous avons dit que nous les laïcs étions vos auxiliaires ; nous sommes majoritaires  dans l’Eglise. Vous, vous êtes choisis pour coordonner les affaires de l’Eglise comme ministres de Dieu. Nous, nous sommes là pour vous appuyer et pour vous représenter dans les différentes instances du pays.

Je voudrais relever 2 choses à féliciter :

Le premier élément à féliciter est le courage, l’envergure que notre Eglise prend pour inciter et corriger la conduite des affaires de l’Etat. Depuis Kalonji, Sendwe, Muyulu, l’Eglise a agi timidement. Depuis quelques temps l’ECC est sortie de sa réserve pour jouer à visage découvert. L’évangile est une parole de vie et elle doit devenir action.

Le deuxième élément de reconnaissance est récent : à l’Université Protestante au Congo, les journées scientifiques nous ont permis de retremper non pas seulement la mémoire des pasteurs, mais des laïcs  aussi et de leur rappeler que notre fondement reste Christ, le Dieu vivant.

L’ascèse protestante a son  fondement dans les Ecritures. Christ est vécu au travers des Ecritures. Les anglo-saxons ont privilégié la norme. Comme laïcs élus ( certains  d’entre nous sont déjà en mission - certains déjà à l’extérieur), nous n’allons pas porter sur nos vêtements la marque protestante. Mais l’ascèse transforme tout l’homme. Nous sommes des  échantillons des protestants. Nous sommes très proches du Président de la République et servons même de conseillers. Comme laïcs nous voulons renouveler notre engagement, continuer l’idéal de notre parti si nous étions dans un parti. Vous avez rappelé que nous sommes de cette maison, nous reviendrons ici, à genoux, pour être ressourcés.

Ces jours-ci, nous sommes en séminaire. Je suis l’un des modérateurs. Donc vos fils et filles sont déjà visibles. Nous voudrions être visibles  par ce que nous sommes et  non pas par nos paroles. Chez nous il y a un proverbe qui dit qu’un fleuve sans pierres  ne fait pas de bruit et vous ne sentez pas l’eau ; mais  quand il y a des pierres au fond, l’eau fait du bruit. Nous voudrions que l’ECC sente notre présence.

Le MILAPRO regroupe les laïcs protestants qui essaient d’animer les activités des papas, des mamans et des jeunes. Il a un  Credo que nous rendrons publique incessamment.

Mgr., nous voulons vous réitérer notre fidélité à Christ, à l’Eglise et au pays. Le pays est en souffrance. Nous sommes en train de mettre en place les normes du gouvernement et de la vie nationale dans un séminaire où nous voyons ensemble comment travailler et établir ces normes.

Nous reviendrons nous ressourcer pour être à nouveau envoyés au travail que le Seigneur nous confie. Le Seigneur n’a pas d’autres mains, d’oreilles, de pieds que les nôtres. 

Rév. Ilunga : Reconstruisons la République Démocratique du Congo !

Il faudrait lire tout le livre de Néhémie pour comprendre la pensée de reconstruction. Néhémie versait le vin  au roi qui s’aperçut que Néhémie était tout triste. L’empereur demande : pourquoi  cette tristesse ? ce chagrin ? Réponse : majesté, comment ne pas être triste alors que la ville de mes ancêtres est en ruine ? Que veux-tu ?  dit le roi. Néhémie fait une prière à Dieu et répond : majesté, si tu acceptes de me faire  une faveur, permets-moi de me rendre à Juda……

La reconstruction  est un  terme en vogue. Depuis le feu Laurent-Désiré Kabila ; Joseph Kabila en parle aussi. Thème important que celui de la reconstruction. S’il y a reconstruction, c’est qu’il y a d’abord eu la construction - quelque chose a existé, un travail qui a été détruit ou abîmé. Il faut le refaire.

Quelqu’un qui vient de Kisangani qui entend que Tshopo a été détruit ; sans communication directe, il se demande si la maison de ses parents est aussi détruite. Il envisage de faire quelque chose pour sa famille. Dieu console les éprouvés. Dans les difficultés et les souffrances  Dieu intervient.

En 1997, je me suis rendu à Lubumbashi avec Mgr. Bokeleale. J’ai remarqué que la cheminée de la Gécamines ne fumait pas. Je suis né là-bas, j’y ai grandi. Même  pendant la guerre, la cheminée fumait toujours. Je l’ai fait remarquer à Mgr Bokeleale.  J’ai eu un grand choc en voyant que tout était abîmé et que  beaucoup de constructions, écoles, hôpitaux ou églises étaient  en ruines. Cela nécessite une réflexion. Ces constructions qui faisaient la beauté d’antan n’existent plus.

Quand  tout est détruit : l’économie, l’industrie, l’éducation … il est difficile de savoir par où  commencer pour reconstruire et comment reconstruire. Pour nous protestants, nos armes sont la prière, la communion et le travail. Dieu nous donnera  le courage,  la détermination et le pouvoir nécessaires. La tâche n’est pas  facile. Avec Dieu nous y arriverons - nous allons laisser quelque chose aux descendants.

Les protestants n’ont pas beaucoup de moyens, mais ils ont leur éthique. Revenons à notre éthique protestante. Dans le temps on engageait facilement les  protestants.  L’éthique protestante c’est le respect de ce que Dieu a mis à notre disposition. Nous nous sentons aussi  responsables de ce qui nous a été confié. Malheureusement, souvent, nous imitons les amis qui ont une autre éthique.

Nous sommes des pasteurs et notre rôle principale c’est d’annoncer la Bonne Nouvelle. Les laïcs peuvent aller au gouvernement. Nous étions tous d’abord des laïcs puis Dieu nous a cherchés pour un autre ministère. C’est dans la Salle des réunions du Secrétariat National de l’ECC que nous nous réunissions avec Kalonji pour réfléchir sur notre contribution à apporter dans la conjoncture actuelle. Si nous n’avons pas d’argent,  nous avons notre éthique, comme je viens de le dire.

Néhémie est parti chez le chef et a proposé qu’il aille reconstruire Jérusalem, sa ville. Vous serez à côté du chef. Donnez-lui de bons conseils. Le chef est un être humain, il va travailler mais  il a besoin d’être conseillé. Vous êtes  les enfants des Américains, des Occidentaux. Si c’est leur esprit qui va vous animer, nous allons construire. Vous avez assez de laïcs qui peuvent vous aider. Ici on a tendance à se retirer, quand on devient chef. Mais la collaboration, la coopération avec les autres est importante. Cette période est entre vos mains. Dieu vous appelle à la reconstruction et le peuple vous attend. Surtout au Kivu, à  Kisangani, à l’Equateur. Ils attendent de vous  la paix, le calme, l’amour de la patrie.

Chez nous beaucoup n’aiment  pas leur pays. Les Juifs aiment Dieu, ils s’aiment entre eux  et  ils aiment leur terre, celle où sont enterrés leurs pères. D’autres d’entre vous viennent de l’extérieur. Dieu vous appelle à reconstruire. Manifestez l’amour envers ce pays. Réfléchissez et travaillez.

Aimez Dieu, le prochain, le pays. Si nous le faisons, Dieu nous bénira et nous aidera à reconstruire. Ce n’était pas un sermon, mais  juste quelques conseils que je voulais vous prodiguer  en tant que l’un des responsables de votre Eglise.

Mgr MARINI : L’Eglise du Christ au Congo est notre tribu !

Nous n’avons pas à répondre à ce qui a été dit  et qui était  très émouvant. Nous allons de l’avant. L’évangéliste Luc nous dit  que si quelqu’un veut aller à la guerre, il  faut s’asseoir. S’il voit qu’il  n’est pas assez fort, il accepte la défaite. Si tu veux bâtir une tour, tu dois calculer la dépense. Si tu vois que tu  ne pourras pas terminer, alors il ne te faut pas commencer.

Les protestants se sont assis, ont réfléchi et calculé la dépense - ils ont eu peur et se sont repliés (dans les années 60).

Réveil pour le pays et l’église.

Nous pouvons commencer, nous avons toute une ’armée de fidèles avec nous, comme Madame Boo l’ a dit. Je ne promets pas mais je promets quand même – Nous allons organiser un 2^ème round pour parler, avec d’autres catégories, pour évaluer ce que nous pouvons faire pour  signaler que nous existons. Merci pour les conseils que vous nous avez donnés - montrez qu’avec votre capacité de réflexion et d’argumentation vous pouvez être utiles au pays.

Du temps du MPR, le Comité Exécutif National de l’ECC s’est réuni à Goma et a proposé un multipartisme à trois. C’est ainsi que quelques protestants se sont réunis et ont commencé  le PDSC, avec un idéal oecuménique. Kalonji qui était protestant a cédé la direction à Ileo qui était catholique. Boboliko qui est aussi catholique a succédé à Ileo et Bosunga le protestant continue toujours à être vice-président.

C’est vous qui allez nous appuyer pour que nous ayons une gestion correcte, la rigueur ; la gérance correcte est un symbole de la déontologie protestante. Nous avons pleine  confiance en vous, nos représentants. Nous allons vous blâmer, vous conseiller, vous encourager. Ma tribu ce sont les protestants. J’irai chercher les protestants et non les gens de ma tribu.