Prédication du Rév. Dr. RAISER, Secrétaire Général du COE (Conseil œcuménique des Eglises)

Chers sœurs et frères en Christ,

Nous vous apportons les salutations cordiales et fraternelles des églises membres du COE. Ce ne sont pas seulement des salutations, mais aussi un signe de la solidarité œcu-ménique en ce temps crucial que votre pays est en train de traverser.

Avec vous nous rendons grâces à Dieu pour l’accord qui a été signé hier à Lusaka –

Nous savons que le vrai processus de paix nécessitera la pleine collaboration des églises.

Et je voudrais vous assurer du soutien du Conseil œcuménique des églises.

Depuis mon arrivée j’ai réfléchi au message que j’allais donner ce matin et lors de ma rencontre avec les collègues de l’Université Protestante du Congo, j’ai pu visiter cette cathédrale immense. Cela m’a fait penser à ce passage des Ephésiens (2 :11-20) que nous venons de lire. Il m’est venu à l’esprit surtout l’image de la construction bien ajustée avec comme pierre angulaire le Christ.

Je relis le v.14 selon la version œcuménique de la Bible (TOB ). " C’est lui, en effet, qui est notre paix : de ce qui était divisé, il a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation : la haine. " 

C’est en lui que toute construction s’ajuste pour former un temple saint. C’est cela qui a été achevé dans la construction de cette cathédrale – symbole de l’unité des églises membres.

A Nkamba –l’église de la ville sainte est un édifice impressionnant, érigé par les mains des kimbanguistes eux-mêmes, cause de fierté pour eux.

Dans l’Ancien Testament, dans le premier livre des Rois, Salomon entre en conversation avec Dieu ; il lui demande s’il peut construire une habitation pour Dieu. Avant lui, David aurait bien voulu le faire, mais Dieu le lui avait interdit.

Salomon est conscient qu’on ne peut pas enfermer Dieu dans des murs. Il prie Dieu d’être présent dans cette construction pour que les fidèles l’y rencontrent –

C’est la raison d’être des cathédrales :un lieu de rassemblement pour le grand nombre des fidèles, le grand peuple de Dieu.

Mais chaque cathédrale exclut aussi : il y a des gens dedans et il y a des gens dehors.

Nos églises excluent ceux qui ne cherchent pas à y entrer – les murs séparent ceux du dedans et ceux du dehors. C’est un espace sacré pour ceux qui viennent ; mais c’est aussi un espace clos. Nos églises symbolisent nos divisions en dénominations et tradi-tions différentes.

C’est pourquoi le COE, dans ses trois dernières assemblées générales, a fêté ses célé-brations dans une très grande tente aux côtés ouverts, où le vent peut circuler, où l’esprit peut entrer ; les gens entrent et sortent. Peut-être qu’avec ses grandes portes qui laissent entrer les gens dans son espace, votre cathédrale peut jouer un peu ce rôle de tente.

La longue période de conflits au Congo affecte aussi l’église et la vie commune, souvent par des confrontations militaires et violentes.

Il y a eu des tentatives récentes de réconciliation et de dialogue ; les églises essaient de maintenir l’unité fondamentale. Dans votre pays il y eu la création du Conseil National Chrétien entre les églises catholique, orthodoxe, kimbanguiste et l’Eglise du Christ au Congo.

Nous disons toujours que le problème est créé par les autres. Nous, nous sommes prêts au dialogue, mais il faut que les autres fassent le premier pas.

NOUS , nous avons la vérité, la légitimité ( nous avons assisté à une pièce de théâtre intéressante jouée par des élèves, sur les relations entre les églises au Congo, dans la-quelle ces jeunes filles affirmaient que NOUS, nous sommes OK, c’est VOUS qui devez changer.)

Paul parle de la relation entre chrétiens grecs, juifs et païens et des séparations qu’ils fai-saient entre eux.

La situation est la même aujourd’hui encore. Nous continuons avec la séparation entre les proches et les étrangers, selon l’appartenance ethnique ou selon les traditions ecclé-siastiques.

Les autres sont toujours étrangers par rapport à nous – Christ a aboli le mur une fois pour toutes ; le mur de séparation entre nous et les autres. Il a fait de nous des membres de la famille de Dieu sur un même pied d’égalité, en transcendant tout protocole.

V. 14 – c’est LUI notre paix – il a uni ce qui était divisé ; il a aboli la loi, source d’auto-justification pour nous.

En lui est née une nouvelle communauté humaine – c’est le Christ qui a fait le premier pas à notre égard. Il a risqué le TOUT et il a donné sa vie.

Nous sommes déjà reconnus membres légitimes de la famille de Dieu pour former une nouvelle communauté humaine. Si nous continuons à maintenir les murs ou à en ériger d’autres – si nous continuons à refuser de faire le premier pas, nous trahissons notre vo-cation, nous crucifions à nouveau le Christ.

La paix du Christ est une PAIX durable, elle est :

• sans exclusion ;
• coûteuse – elle demande à être traduite en actes de construction de la paix.

C’est une tâche énorme que de reconstruire le Congo ; prions pour que nos efforts contri-buent à une construction bien ajustée pour que la demeure de Dieu soit un espace ouvert et sans distinction.

Rendons toute la gloire à Dieu !

Message du Rév.Dr.Hendje TOYA - Coordinateur régional pour l’Afrique

de la MEU(VEM), basé à Dar-es-

Prière Salaam, Tanzanie

Hier soir, quand le Rév Mutombo est venu me demander de faire la méditation de ce matin, tout de suite un texte m’est venu à l’esprit : celui de Mc 4 :35-41, le texte courammment appelé " La tempête apaisée. "

Mais d’abord je voudrais vous remercier de cette occasion qui m’est donnée de vous rencontrer ce matin. Ce n’est pas mon premier voyage au Congo, mais c’est la première fois que je rencontre autant de gens de l’ECC. Merci pour votre hospitalité si chaleureuse.

Voici donc le texte soumis à votre attention. - Lecture du texte dans la version Segond.- Nous n’allons pas lire ce texte dans la perspective classique – je ne veux donc pas prendre la tempête comme sujet de méditation ce matin. Mais je voudrais vous proposer de nous arrêter sur un seul verset : le v.35 : " passons de l’autre côté ".

3 motivations sont à la base du choix de ce passage :

1. une motivaton d’ordre planétaire : nous sommes en train de passer au 3^ème millénaire. Nous sommes dans la logique de passage et de transition vers le siècle et le millénaire naissants –
2. nous sommes aussi à un tournant décisif de l’histoire du Congo – avec les accords de Lusaka signés samedi, du moins entre certains protagonistes.
3. même à l’ECC nous nous trouvons à un tournant et dans une période de transition, avec l’installation du nouveau Président et de la nouvelle équipe.

L’existence humaine se vit en permanence dans une dynamique de passage – en effet nous passons d’ une semaine à l’autre – nous passons du sommeil au réveil –– nous passons du repos du dimanche aux activités professionnelles – et on pourrait prolonger la liste avec de multiples exemples.

C’est mû par cette logique de la dynamique permanente de passage que Jésus a pris la décision d’aller ailleurs et de passer de l’autre côté –

Il vient de travailler et a triomphé – mais il demande aux disciples de passer ailleurs. Les disciples n’ont pas eu le temps de jouir des fruits de leur travail et d’en triompher.

Si Jésus était resté là où il avait triomphé, il y aurait eu un frein à son ministère, car de nouvelles activités l’attendaient ailleurs.

Dans nos vies, il y a des résistances et des pesanteurs face au passage : l’ égoïsme, par exemple. Nous nous disons : " J’ai déjà acquis ceci, je veux le garder et rester où je suis. "C’est notre souci de la préservation des acquis pour que nous puissions continuer à en jouir. Jésus, lui, passe de l’autre côté.

Pour nous les protestants, il y a des passages dans notre histoire. Au Cameroun, les missionnaires protestants étaient les premiers arrivés dans le pays. Nous avons le droit de primauté sur le plan géographique et historique. Mais nous nous sommes installés et avons joui des acquis. Ce qui nous a donné du retard et nous a laissés avec le complexe de la primauté comme seul acquis. – oui ! – qu’est-ce que nous avons fait de cet acquis ?

J’ai appris qu’au Congo aussi les protestants étaient arrivés les premiers. Qu’est-ce que les protestants congolais ont fait de cet acquis ?

Pour tout passage, avant de passer, il faut un maître de passage pour le voyage.

Le maître, c’est Jésus. S’il y a un maître de passage, cela signifie qu’il y a aussi une équipe,  car il n’ y a pas de maître sans disciple; il y a une équipe de passage qui justifie la présence du maître. L’équipe, ce sont les disciples, c’est l’église. Mais ça ne suffit pas. Il faut encore une stratégie de passage.

Les disciples n’ont pas compris cette stratégie – et ils sont pris dans la dépression géographique du lac. Toute cette zone depuis la Syrie jusqu’en Tanzanie fait partie de la même faille géologique où alternent les vents, les courants chauds et froids, et où les tempêtes sont fréquentes. Dans une telle situation il est impératif de définir et de déve-lopper une stratégie de passage. Cela a manqué aux disciples. Quand nous disons simplement que nous nous en remettons à Dieu – ça ne suffit pas comme stratégie. La météo est également importante dans la marine – la connaissance ou la consultation de la météo nous a manqué. C’est pourquoi nous devons en ce moment de tournant de notre histoire définir notre météo – Où en sommes-nous ? Quelles sont les conditions atmosphériques ? L’atmosphère peut être ensoleillée, bon signe pour la navigation ; elle peut être orageuse, mauvais signe pour la navigation. Elle peut aussi être mixte, orageuse et ensoleillée à la fois. Nous sommes actuellement dans cette troisième catégorie de la météo et c’est dans cette situation que la lecture des signes du temps devient impérieuse. Il faut lire les signes du temps qui sont des éléments catalyseurs.

Oui, prix du passage, car il n’ y a pas de passage sans prix à payer – Pour aller à Brazzaville, nous venons de la voir avec nos visiteurs, il faut payer – pour aller à Mbanda-ka, il y a un prix à payer. – Sommes-nous prêts à passer ? Et à en payer le prix ?

Le siège de l’ECC est le laboratoire de l’église, qui fait la fierté de l’église. C’est là que l’on va étudier la météo et les stratégies du passage, et en évaluer le prix .

Dans cette triple mouvance du passage

1. Dans la mouvance planétaire vers l’an 2000
2. dans la mouvance géopolitique du Congo

3) dans la mouvance de l’histoire de notre église

nos églises sont –elles des témoins pertinents ?

Sommes-nous prêts à payer le prix du passage de l’autre côté ?

Si nous ne passons pas, nos églises vont échouer. Si nous ne payons pas le prix, nos églises vont échouer. Si nous refusons de passer, l’Histoire, elle, passera avec ceux qui se seront préparés au passage. La locomotive ou la vedette du passage ronfle déjà à la gare départ, au beach. Il nous faut nous y embarquer sans tarder.

Samedi, nous avons entendu le témoignage encourageant de Mgr Marini et sa prise de position face à la mission apostolique et kerygmatique de l’église.

Sommes-nous prêts à passer de l’autre côté ?

Que Dieu nous aide à faire le passage. Amen !

Un missionnaire mozambicain vivant en Afrique du Sud, ingénieur de profession et chrétien engagé, Wolf Binder, est venu présenter son ministère " Action Chrétienne Coordonnée " au bureau du Secrétariat National de l’ECC.

8 pays d’Afrique australe (Afrique du Sud, Namibie, Botswana, Swaziland, Zambie, Zimbabwe, Mozambique, Angola) ont créé des réseaux nationaux de prière pour leurs pays respectifs et pour toute l’Afrique Australe et l’Afrique Centrale.

Du 26 juillet au 1^er août ils organisent une semaine de prière intense pour l’Angola et Wolf Binder a demandé aux dirigeants de l’ECC si l’ECC pouvait se joindre à ce réseau et mobiliser les Communautés et les paroisses pour cette semaine de prière. Puis, créer un réseau plus large sur toute l’étendue du pays. Si cela se fait, tous les 8 pays se mettront ensemble pour soutenir le Congo pendant toute une semaine, peut-être au mois de novembre.

En attendant que le réseau congolais s’organise, nous demandons à tous les pasteurs de passer les informations à leurs paroisses, en particulier à leurs groupes d’intercession et de les mobiliser à la prière pour l’Angola.

Sujets :

• pour la mobilisation des églises angolaises pour cette semaine de prière
• pour l’unité entre tous les chrétiens
• pour la prise de conscience du peuple angolais de l’urgence et de la nécessité de la prière en faveur d’une intervention de la part de Dieu
• pour le cessez-le-feu et la fin définitive de la guerre civile
• pour la restauration de l’économie totalement détruite
• pour le réveil des églises et des serviteurs de Dieu
• pour une paix durable et solide en Angola et en Afrique Centrale
• pour la libération spirituelle du peuple angolais
• pour tous les sujets auxquels les intercesseurs pourront penser.

Communiqué du DEVEM :Secr.Gén.ECC

Artiste : Albert Mongita

Année de réalisation : 1948