A L'ECOUTE DE LA CONNAISSANCE QUI SAUVE

Bien aimés frères et souers,

Nous rendons grâce au Seigneur qui nous donne cette occasion de parler de sa part à ce culte d'ouverture des journées scientifiques de l'UPC et la journée annuelle commémorative de l'unité organique de l'ECC co-organisée par le CRIP et la Commission théologique de l'ECC.

Notre méditation sera tirée de livre du prophète Osée au ch.4, verset 6. 

" Mon peuple périt, parce qu'il manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai de mon sacerdoce, comme tu as oublié la loi de ton Dieu, moi de même, j'oublierai tes fils " Os 4.6 -(Louis Segond)  

Le texte annonce le constat de YHWH. Son peuple meurt, physiquement, moralement, politiquement et surtout spirituellement. Les prêtres qui le conduisent ne suivent plus les instructions de la Tôra, qui leur ont été enseignées et dont ils ont connaissance. Ils torturent la vérité de la loi divine et se livrent à l'idolâtrie en adorant des divinités cananéennes. Ces pratiques annoncent le jugement divin et la mort du peuple qui s'en suivra.

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>Le prophète constate également qu'il manque au peuple la connaissance de Dieu, et sans cette connaissance, il n'y a ni bonté ni bénédiction divines. Le manque de connaissance entraîne malédiction, tromperie, meurtre, vol, adultère, ... Le pays se dessèche et tous ses habitants s'étiolent, y compris les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, et même les poissons de la mer disparaissent. - (Os 1.2-3). La gloire du peuple est changée en honte.

 

Si nous relisons ce passage dans le contexte actuel, nous pourrons observer une similitude de situations. Que dire ? En un mot, notre pays traverse une situation d'humiliation sans nom. Toute sa gloire d'antan a fané. Même si l'on peut entendre des gens se consoler en appelant le Congo un " scandale géologique ". Notre pays c'est aussi un scandale par le fait qu'il a scandalisé et continue à scandaliser le monde par la misère, la pauvreté de sa population, le taux élevé d'analphabètes, de déperdition scolaire, la recrudescence des maladies ...

 

A la base de tous ces malheurs se trouve le manque de la connaissance qui sauve. L'élite congolaise est ici pointée du doigt. Ce ne sont pas des hommes ou des femmes de science qui ont manqué ou qui manquent. Mais c'est plutôt une certaine connaissance, qui place Dieu au centre, celle qui lie l'essentiel à l'utile, afin de faire vivre. C'est cette connaissance qui fait la jonction entre l'intelligence et la sagesse.

 

La connaissance vraie produit en nous des fruits porteurs de vie ; elle affranchit par la communication de la vérité. " Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira " - Jn 8.32. Elle nous préserve de l'oisiveté et de la stérilité : 2 Pi 1.8 : " Et pour cette raison même, concentrant tous vos efforts, joignez à votre foi la vertu, à la vertu la connaissance, à la connaissance la maîtrise de soi, à la maîtrise de soi la ténacité, à la ténacité la piété, à la piété l'amitié fraternelle, à l'amitié fraternelle l'amour. Car ces qualités, si vous les possédez en abondance, ne vous laissent pas inactifs ni stériles pour connaître notre Seigneur Jésus - Christ "

 

Savoir joindre à la foi la connaissance, la vraie, parce qu'il y aussi de fausses connaissances véhiculées par de fausses doctrines et de faux enseignements.

 

Il y a là une ouverture à la dimension critique de la foi. La connaissance de Dieu éveille notre attention à la vérité, qui devient la mesure de toutes paroles et actions de l'homme. La foi n'entre plus en opposition avec la connaissance. Il n'est pas nécessaire d'être IGNORANT pour être un bon chrétien. Ou encore, le Royaume des Cieux n'est pas réservé à ceux qui ne veulent pas s'instruire. Au contraire, la bonne connaissance nous permet de croire VRAI et de ne plus nous laisser entraîner naïvement par n'importe qui ou quoi. On ne peut plus rien accepter sans le soumettre au crible de la raison.

 

" Ainsi la sagesse pénétrera ton cœur et la connaissance fera les délices de ton âme. Le discernement te préservera, la raison sera te sauvegarde, t'arrachant de la mauvaise conduite, à quiconque tient des propos pervers " Pr 2.10-12 (TOB)

 

LA MAUVAISE CONNAISSANCE QUI NE SAUVE PAS

 

Cependant, il faut se dire que la Bible parle aussi de la connaissance qui tue. Paul dit : Il ne faut pas que notre prétendue connaissance devienne une pierre d'achoppement (1 Co 8.7-11).

 

A la connaissance est liée la crainte de l'Eternel : il est vrai que notre pays regorge de savants. Mais leurs connaissances n'ont pas apporté grand-chose au développement du pays. Car, ces connaissances à elles seules, sans la crainte de l'Eternel, ont entraîné la société à sa ruine C'est paraphraser l'expression : la science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

 

Autant, un peuple ignorant est dangereux, autant il est vrai que des savants sans crainte de Dieu ni conscience sont pernicieux. L'absence de Dieu dans la science ne peut ni lui assurer la pérennité ni être profitable à l'homme, car dès lors, la science devient mortelle, parce que dominée par le péché.

 

" Pour ce qui concerne les viandes sacrifiées aux idoles, nous avons (possédons) de la connaissance - La connaissance enfle, mais l'amour édifie " 1 Co 8.1

 

Dans quelle mesure la connaissance sauve-t-elle ? Lorsqu'on pratique l'amour, on transforme les connaissances acquises en moyens pour communiquer l'amour de Dieu et procurer le bien-être à la personne humaine créée à l'image de Dieu. La science dépourvue de sagesse, de bon sens et d'amour tue. Une connaissance qui s'appuie sur l'amour conduit à la prise de décisions qui profitent à tous parce qu' elle est mue par l'intention de servir.

 

Combien souvent utilisons-nous notre science comme moyen d'exploitation, d'aliénation, d'assujettissement et de chosification ! Combien de fois nos diplômes deviennent-ils objets de moquerie pour ceux qui n'ont pas étudié et qui constatent que nous n'arrivons pas à faire mieux qu'eux !

 

L'apôtre Paul nous met en garde contre l'orgueil qui découle de notre expertise et des connaissances acquises dans notre vie. Il nous appelle à lier l'humilité à la connaissance.

 

Sa préoccupation est que tous parviennent à la " connaissance de la vérité ", de la vérité du salut apporté par Jésus-Christ, Dieu fait homme selon la volonté de Dieu par la puissance du Saint-Esprit.

 

Toute connaissance n'est donc pas salutaire. Ne l'est que celle qui part de la vérité et qui est le fruit de la recherche de la vérité.

 

Dans le prologue de son évangile, Luc dit :

 

" Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements accomplis parmi nous, d'après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et qui sont devenus serviteurs de la parole, il a paru bon, à moi aussi, après m'être soigneusement informé de tout à partir des origines d'en écrire pour toi un récit ordonné, très honorable Théophile, afin que tu puisses constater la solidité des enseignements que tu as reçus . " -Lc 1.1-4.

 

Voilà le souci de communiquer avec exactitude et sans parti pris, les faits fondés sur un témoignage authentique.

 

Combien souvent les informations et les connaissances que nous communiquons ne sont-elles pas dénuées de tout fondement. Elles créent alors la confusion, la désinformation, l'intoxication et troublent la paix. Comment sauraient-elles sauver ?

 

Montrons que l'évangile que nous annonçons est le fruit de la recherche scientifique. La recherche est biblique et chrétienne.

 

Luc ne veut pas présenter un évangile fruit de son imagination ou produit de la rumeur. Il refuse la paresse dans la présentation du Christ ressuscité. C'est à l'issue de recherches de longue haleine qu'il parvient à mettre par écrit les événements. Voilà bien le refus de la paresse intellectuelle animant beaucoup de nos compatriotes qui ne fournissent pas le moindre effort dans la réflexion ni dans la recherche. Chez nous, c'est souvent le recours au raccourci. Le pasteur prêche maintenant sans recourir à l'exégèse solide s'appuyant sur les textes originaux et commentaires bibliques ; les professeurs ne se contentent que des vieux syllabus, l'aspirant pasteur s'autoproclame pasteur sans avoir passé par une école d'enseignement théologique, l'étudiant ou l'élève tient à réussir aux examens sans s'appliquer à la lecture et à une préparation conséquente.

 

Luc recourt à la tradition pour assurer la solidité de son évangile. Il puise sa matière dans son milieu immédiat. Une connaissance qui sauve est celle qui se construit à partir de la base pour se mettre au service de cette même base. Avant de penser à l'histoire des autres peuples, nous devons surtout interroger notre histoire pour mieux nous connaître nous-mêmes et mieux être au service de la nation.

 

LA CONNAISSANCE QUI SAUVE APPELLE A LA PRATIQUE ET A L'HUMILITE

 

L'apôtre Paul dit : " Si quelqu'un s'imagine connaître quelque chose, il ne connaît pas encore comme il faudrait connaître. Mais si quelqu'un aime Dieu, il est connu de lui ". Réf ?

 

La reconnaissance de mes limites en science m'appelle à l'humilité et à l'ouverture envers l'autre, à son écoute et au besoin d'apprendre. Depuis quelques années, il y a dans nos milieux un développement de la culture du " je connais tout " ou du " je ne veux pas apprendre car ceux qui connaissent en réalité ne connaissent rien ".

 

L'apôtre Paul ne dit-il pas à ce sujet : " A présent, ma connaissance est limitée, alors, je connaîtrai comme je suis connu ". Réf. ??

 

La connaissance qui sauve est synonyme de la re-connaissance. Connaître de nouveau, d'une nouvelle manière, l'Autre, en l'appréciant et en l'estimant. C'est aussi reconnaître ses torts, pour se laisser corriger.

 

C'est à cela que l'Eglise en général et l'Eglise du Christ au Congo en particulier est appelée à s'exercer. En co-organisant ces journées avec l'UPC, c'est à cette auto-critique sur sa propre connaissance que l'Eglise est conviée. Comment l'ECC se connaît-elle ? Que dit-elle d'elle-même ? La connaissance qu'elle a d'elle-même est-elle véridique et conforme à sa mission ? Comment l'opinion publique la connaît-elle ?

 

Si nous sommes membres de l'Eglise, hommes et femmes de science, cet exercice de remise en question ne nous épargne guère. A nous de nous interroger : quel personnage nos connaissances forment-elles ? Font-elles de nous un instrument de bénédiction pour notre pays tant par le changement de mentalité que par la promotion d'un développement socio-économique qualitatif pour tous ?

 

Conclusion

 

Notre société a besoin d'hommes et de femmes qui aiment la science, qui ont le goût de la recherche et acceptent la rigueur scientifique qu'elle impose.

 

Une société construite sur la connaissance de Dieu et de sa loi, c'est celle qui s'organise sur la vérité, qui s'expose à la critique constructive, à la réflexion et à l'enseignement solide résistant aux déviations fantaisistes ou aux conclusions hâtives.

 

C'est une société qui véhicule la vraie et bonne information et force ses populations à éviter la naïveté, l'obscurantisme, le fanatisme, l'analphabétisme et la paresse intellectuelle.

 

Ce nouveau type de société est le projet de Dieu que nous avons à matérialiser pour que notre connaissance spirituelle et intellectuelle se transforme en bénédiction pour notre pays à travers la prise de bonnes décisions, décisions de paix, d'amour et d'humilité.