RDC :
La situation générale des Droits de l’Homme est assez préoccupante, celle des
territoires occupés sans doute davantage
La conférence Nationale sur les Droits humains a
ouvert ses travaux dimanche 24 juin au Grand-Hôtel de Kinshasa sur les chapeaux
de roue. D'entrée de jeu, le Chef de l'Etat, le Général-Major Joseph Kabila qui
présidait la cérémonie d'ouverture de cette manifestation a donné le ton quant à la volonté affichée de
rupture des autorités congolaises d'avec un passé assez sombre en matière des
Droits humains.
Après avoir brossé le parcours pour le moins
tumultueux du pays dans le domaine des Droits humains avec à la clé, a-t-il
indiqué, le génocide de quelque 3,5 millions des Congolais tombés sous les
coups des occupants Rwandais, Burundais et Ougandais, le Chef de l'Etat a
souhaité que de ces assises naisse un Etat de droit.
Comme
pour renchérir sur les propos du Chef de l'Etat, M. Ntumba Luaba, Ministre des
Droits humains a déclaré " désormais la liberté sera la
règle et la détention, l'exception". Il a par la même occasion,
exhorté les participants à contribuer efficacement à la réussite de cette
conférence pour que le pays ne revive plus jamais les entorses aux droits
humains et à la liberté. Le représentant du Haut commissariat des Nations-Unies
sur les droits humains a donné lecture du message de Mme Mary Robinson, Haut
Commissaire de l'ONU en matière des droits humains. Dans ce message, Mme
Robinson a salué les progrès réalisés en RDC en matière des Droits de l'Homme,
a indiqué que la situation des Droits de l'homme demeurait encore préoccupante.
S'adressant en son propre nom aux participants à cette
rencontre, le Représentant de la haut commissaire de l'ONU en matière des
droits de l'Homme les a encouragés à faire un diagnostic sans complaisance de
la situation des droits de l'homme.
Il a par ailleurs dénoncé la persistance de certaines
entraves aux libertés et a recommandé la réorganisation des services de
sécurité. Comme pour responsabiliser davantage les Congolais eux-mêmes, maîtres de
leur propre destin, il a indiqué que la Communauté Internationale et les
autres institutions ne pourront qu'accompagner la RDC dans sa quête
d'un Etat de droit.
Après la mise sur pied de son Bureau que dirigent Dr
Matusila (Société Civile) et M. Frédéric Kibasa (Président d’une aile de l'UDPS), la conférence a suivi
la présentation de l'état de lieu des droits humains dans certaines provinces
occupées ainsi que dans les provinces du Bas-Congo, de l'Equateur et des deux
Kasaï.
Ahurissant! Le terme résume bien à propos le constat
malheureux découlant du rapport des délégués des provinces occupées. Du Sud
Kivu, en passant par le Maniema et la Province Orientale, un seul constat
s'impose: le vécu quotidien des populations de ces contrées rime avec le viol
des femmes parfois en public, les tueries, les bastonnades en règle et les
pillages des ressources naturelles du Congo. Et plus grave, la mort à petit feu
de la population du fait d'une guerre sournoise, mais autrement
plus meurtrière: la guerre sociale.
Le rapport de la
Province du Maniema, située dans la partie est du pays et occupée par les
troupes rwandaises et les rebelles du RCD( Rassemblement Congolais pour la
Démocratie) est éloquent à ce sujet. La Province compte à ce jour, un
Médecin pour 75.000 habitants tandis que l'ensemble de la Province n'en compte
que 20 dont 2 spécialistes. Que faire devant la sous-alimentation chronique des
populations, la déscolarisation et la résurgence des maladies que l'on
croyait éradiquées à jamais?.
L'index accusateur en matière des violations des droits de
l'homme n'a pas épargné le Gouvernement mis en cause dans les atrocités
commises dans la Province de l'Equateur avec notamment les cas de viol et des
pillages perpétrés aussi bien par les éléments des Forces Armées
congolaises et ceux du Zimbabwe, venus à la rescousse de la RDC.
Pour le reste, il a été demandé notamment la prise
en charge des femmes victimes des sévices sexuelles pendant la guerre, le
rapatriement des déplacés de guerre, la suppression de la Cour d'Ordre
Militaire...
Les travaux se
poursuivront avec l'audition des rapports des provinces restantes, des
Congolais de la diaspora avant les travaux en commissions.
Il convient de rappeler que l'Eglise du Christ
au Congo est représentée à ces assises par deux délégués, à savoir: Me
Philomène Mokuma, avocate et conseillère à la Fédération Nationale des
Femmes Protestantes du Congo (FNFPC) ainsi que par M. Katembo, Secrétaire
Exécutif de la Commission Justice, Paix et Sauvegarde de la Création,
service spécialisé de l'ECC en matière des droits de l'homme et
de la protection de l'environnement.
Jean Jacques NDUITA