Citoyen de Kinshasa, Mgr Desmond Tutu  retrouve le bercail

     (  Par Jean Jacques NDUITA)

Son dernier séjour à Kinshasa remonte à 1989. La ville qui était alors la capitale du  Zaïre l’a adopté pour son attachement à la paix et à l’unité. Depuis,  l’Homme nourrit beaucoup d’admiration pour les habitants  de cette grande ville et surtout de ce grand pays dont il compatit à la souffrance. Il retrouve aujourd’hui ce pays en guerre, mais ne désespère pas pour autant quant à son avenir.

Mgr Desmond Tutu, Archevêque anglican Sud Africain n’est pas un homme qui développe un sentiment de «  congo pessimisme ». Il l’a fait savoir à son arrivée à Kinshasa hier jeudi 26 juillet. Celui qui  a été fait citoyen  en son temps citoyen de Kinshasa croit en la capacité des Congolais à se parler pour aplanir leurs divergences, mais aussi pour  sortir leur pays d’une situation certes préoccupante, et non désespérée.

 

C’est sur cette note d’espoir que l’ancien prix Nobel de la paix  a foulé le sol de Kinshasa sous le coup de 16h 20’, heure locale par un régulier de la compagnie CAL. L’air un peu affaibli, vêtu d’un ensemble bleu marine,  laissant découvrir  une chemise mauve rehaussé par un collier en argent aux maillons épais et une croix disposée en sautoir, Mgr Desmond  Tutu  qu’accompagnait son épouse est descendu d’un pas assez lourd de  la passerelle sous les chants frénétiques de la Fanfare Kimbanguiste tout de vert vêtus.

A l’avant-plan  des officiels, les autorités écclésiatiques avec à leur tête, Mgr Marini Bodho, Président National de l’Eglise du Christ au Congo ont été les premiers à lui rendre les honneurs. L’on y reconnaissait également Rév Benansilu, Secrétaire Général de l’Eglise kimbanguiste, et un représentant de la communauté de l’armée du Salut.

Passés le « cordon » constitué des autorités écclésiatiques, le Président  honoraire de la CETA (Conférence des Eglises de Toute l’Afrique) et son épouse ont eu droit aux honneurs des officiels congolais. Plus de cinq membres du Gouvernement ont marqué leur présence à l’Aéroport International de Ndjili pour la circonstance. Parmi eux, M. Mira Ndjoku, Ministre de l’Intérieur, M. Kikaya Bin Karubi, Ministre de l’Information, M. Augustn Katumba Mwanke, Ministre Délégué à la Présidence de la République et M. Ntumba Luaba, Ministre des Droits Humains.

Le voyage a sans doute été éprouvant pour  l’ancien Archevêque de Johannesburg  qui a fait une escale de deux heures à Lubumbashi, dans la Province du Katanga où il  s’est entretenu avec les autorités religieuses du  chef-lieu de la Province avant d’atteindre Kinshasa. Cependant, dès demain, commence un emploi de temps fort chargé pour lui. Le matin déjà, il fera une visite au siège du PAREC (Paix et Réconciliation au Congo), programme œcuménique que coordonne Rév Mulunda Nyanga, Secrétaire Exécutif chargé des relations extérieures à la CETA, actuellement en détachement. A 11h, il sera reçu en audience par le Chef de l’Etat, le Général Major, Joseph Kabila. Dans la soirée, il sera reçu à dîner au Grand Hôtel de Kinshasa par les Chefs des confessions religieuses ainsi que les chefs ces communautés et églises membres de la CETA.

Samedi 28 juillet sera le grand jour pour Mgr Desmond Tutu qui sera à l’honneur en la Cathédrale du Centenaire protestant où  sera organisé un culte œcuménique consacré à ses 25 ans de ministère épiscopal. Kinshasa qui a fait de lui voici quelques années son citoyen, tient à célébrer avec lui ce grand événement à l’instar des fidèles sud-africains qui ont fêté cette figure de proue de la lutte anti-apartheid.

Cette célébration sera une occasion pour Mgr Desmond Tutu de livrer son message de paix et  de réconfort à l’égard de  ce peuple qui traverse des moments difficiles, qui brave les aléas de la vie quotidienne. L’ancien prix Nobel de la paix croit en la  capacité des Congolais à se mettre autour d’une table pour se parler franchement et  arriver à une vraie réconciliation. Fort de cette conviction, il  conçoit sa contribution en terme d’expérience qui fournira des repères précis pour  un meilleur cheminement sur la voie de la réconciliation. Loin de lui, a-t-il déclaré à la presse l’idée de dicter une quelconque ligne de conduite aux Congolais qui connaissent leur propre pays mieux que quiconque. C’est dans ce cadre que l’ancien Président de la commission « Vérité et Réconciliation  »  initiera  des consultations avec les opérateurs politiques congolais et les acteurs de la Société Civile samedi prochain avant son départ prévu pour dimanche 29 juillet.